mardi 27 novembre 2012

Ragù alla Bolognese

Ami Lecteur,

Les derniers rayons qui au crépuscule caressent les terrasses de citronniers surplombant la falaise, la douce rumeur de la passagietta sur la piazza quand le premier Spritz se fait promesse d'une nuit pleine d'étoiles, les parfums de thym et de laurier qu'exhalent les sous-bois, voici les souvenirs que comme les escalves en choeur, nous envoyons sull’ali dorate, Va, ti posa sui clivi, sui colli, Ove olezzano tepide e molli L'aure dolci del suolo natal... et dont, dans l'étreinte glacée des premiers signes de l'hiver, nous nous efforçons de préserver les fragments pour les resservir dans le creux des frimas autour d'une belle tablée devant une belle flambée.

Et comment mieux réjouir les coeurs, ami lecteur, qu'avec cette recette de Ragù alla Bolognese? eh, sans doute en attirant ton attention sur la série de trois épisodes que cette recette veut inaugurer, ce premier épisode consacré à la recette classique, attestée en 1982 par l'Accademia della Cucina Italiana (ou presque), le second à arriver bientôt, sur la technique de conservation appliquée à ce même Ragù, et le troisième à l'utilisation des pâtes et de la sauce.

Plongeons donc, ami lecteur, dans le vif du sujet, nous gageons que ta patience a suffisamment été mise à l'épreuve par notre absence des temps derniers.

dimanche 3 avril 2011

Boeuf Bourguignon

Ami lecteur,

Nous apercevons l'ombre d'un quillon, buvons à l'aimable Fanchon, cuisinons-lui quelque chose, une boeuf bourguignon, comme son parrain par exemple. Mais ne trahissons pas les travers de notre ligne éditoriale, caractérisée par des introductions aussi longues que de peu de pertinence, et profitons-en pour nous insurger contre les troupeaux de commitards abêtis - ou du moins imbibés - qui persistent à apercevoir l'ombre d'un bouchon, alors que c'est bien d'un quillon dont la chanson parle. Le terme désigne une pièce de la garde de l'épée, ainsi qu'en argot, une amphore, une flasque, une bouteille en somme: en effet, qu'aurait fait celle qui aime à rire et à boire, et dont l'entretien est doux (et pas bon, sinon ça ne rime pas) d'un bouchon sans bouteille?

Osons clore ici ce débat de société, pour, avant de te livrer la recette, faire un caveat et deux descriptiones:
- caveat: partant de la constatation que le boeuf bourguignon, et plus généralement sa grande famille des estouffades, est bien meilleure le lendemain du jour ou on la prépare, la recette qui suit implique de laisser reposer la préparation pendant 24 heures environ. Par contre, eu égard à ce temps de repos, nous nous dispensons de la fastidieuse étape de la marinade qui fait pourtant partie de la recette traditionnelle et que nous mentionnerons donc par acquit de conscience dans la rubrique Miscellanées, familière des plus assidus de nos amis lecteurs.
- descriptiones: deux termes de cuisine te seront utiles, ami lecteur, pour la présente recette: il s'agit des verbes singer et pincer. Singer désigne en cuisine, non seulement l'action de se foutre de la balle du chef de partie, mais aussi celle qui consiste à saupoudrer de farine une préparation qui vient de faire revenir dans un corps gras, en vue de favoriser la liaison de la sauce. Pincer désigne en cuisine, non seulement l'action qui mène dans 87,3% des cas à un souffletage en règle du commis qui aurait essayé ça sur la chef de partie (et non sur les parties du chef, qui mène dans près de 100% des cas au décès dans d'atroces souffrances dudit commis), mais aussi l'action qui consiste à colorer des viandes destinées à la confection d'un ragoût soit sur le feu, soit au grill.

jeudi 10 mars 2011

Roulade de Volaille

Vénéré Ami lecteur,

Vu la vaniteuse vacuité des avants-propos de cet elzévir vivace qui veut vivifier ton avidité valeureuse, mais se vautre volontiers dans l'avilissement en te faisant voir les pauvres avatars et les vicissitudes de notre vie vagabonde, veule vacataire vaquant à inventer à nos viandes et provendes des variations parfois innovatrices, souvent controuvées en vue d'un travail virtuel, nous avons volens nolens voulu varier les vaines vaticinations et les divagations vicinales que voilà en avertissant d'un vade retro toute velléité de revenir à ces verbiages vides de vérité.

Voeu pieu, vaine violence vu notre peu d'inventivité, voici que nous voulions à nouveau t'avouer avoir invité quelques vertueux voraces qui n'étaient ni vassaux, ni vauclusiens, ni vendangeurs, pour vérifier le velouté de la recette que voici, véridique versification du verbiage d'un vil veneur vénézuélien, venimeux ventrtiloque versificateur et valétudinaire dans le Valais. Voudra-t-il me faire valoir un viatique pour ce portrait au vinaigre? 

Mais à nouveau notre volubilité proverbiale nous envoie au diable de notre oeuvre (?) qui, à vrai dire, veut  aviser non pas, en vrac, de velouté végétarien, ni de veau, ni de vin, ni de vanille, ni de verjus, mais de la volaille que voici.

La vox populi virtuelle volant à la vitesse VV', voici une vidéo plus que valable pour les valeureux vénérés amis lecteurs que ce volapük n'a pas fait vomir:


jeudi 24 février 2011

Bar en croûte de sel, sauce vierge.

Ami lecteur,

Certaines recettes de ce blog ont été imaginées, réalisées, rédigées et publiées en autant de temps qu'il faut pour rentrer du bureau, passer au Delhaize, cuisiner, manger, boire et écrire. D'autres restent une éternité dans les limbes de notre blog et ont besoin d'un coup de pouce plus que sérieux pour voir le jour, et c'est bien le cas de celle-ci. En effet, voici une recette testée, re-testée, un succès perpétuel et interplanétaire que nous n'avions pas eu l'occasion de partager encore avec l'ami lecteur. Le salut nous vient de l'action combinée d'un fidèle goûteur des recettes de ce blog et de notre bon pape Benoît. Que le pontife fût lié à notre salut, rien d'étonnant: il se murmure même dans les cercles bien introduits de la Curie romaine que le pontifex maximus himself aurait eu vent du présent blog (c'est d'ailleurs assez logique, s'il on admet que Dieu voit tout et qu'il en est l'instrument sur terre, mais nous nous écartons...) L'évêque de Rome donc nous a invité pas plus tard qu'hier dans une mercuriale dont il a le secret à retrouver, pour le Carême, le sens du jeûne pour, comme l'explique le Figaro, "libérer notre cœur du poids des choses matérielles. Concrètement, l'Église catholique demande le jeûne le mercredi des Cendres et le vendredi saint, pour des adultes majeurs et jusqu'à 59 ans. Il consiste à ne prendre qu'un repas par jour avec une collation frugale le matin et le soir. Il est assorti, chaque vendredi de carême et à partir de 14 ans, par «l'abstinence» qui revient à ne pas manger de viande, ce jour-là, rouge ou blanche." Peut-être rasséréné que l'abstinence ne concerne in casu rien d'autre que la consommation de viande, Sébastien C., attentif ami lecteur de Woluwé-Saint-Lambert, n'a néanmoins pas manqué de nous faire part de sa perplexité quant à ses options pour le Carême à venir. Beati, car Godts' Kitchen - faisant honneur à son nom - se targue de proposer le tag Carême qui permettra tant aux amis lecteurs catholiques pratiquants qu'aux allergiques à la viande de trouver leur bonheur en cette période, mais surtout "d'ouvrir notre intelligence au sens ultime de notre existence", dixit le successeur de Pierre.

Habitué à nos digressions tetrapilectomiques qui servent d'incipit parfois fort peu liés à la recette qui suit, l'ami lecteur nous permettra sans doute cette dernière réflexion qui veut le rassurer: l'essentiel du carême n'est bien sûr pas à chercher dans l'abstinence (terme malheureux que Rome semble avoir confondu avec celui beaucoup plus riche d'ascèse), mais dans le trio composé par la prière, le pardon et le partage. Et, à l'aune de ce dernier élément, l'ami lecteur qui a déjà essayé une quelconque de nos recettes, qu'elle implique de la viande ou non, conviendra que nous pourrions appliquer à toutes ce libellé de Carême, ou plus exactement de partage, car, et il en va ainsi de la recette qui suit comme de toutes les autres, la seule chose qui rend un plat meilleur qu'un autre, c'est de le partager avec ses frères.

mardi 1 février 2011

Médaillons de veau Garibaldi

Ami lecteur,

Le lecteur régulier de ce blog sait que le jeudi soir, pour nous donner courage après une partie de tennis que, bien souvent, nous perdions (et nous n'allons pas nous étendre sur les raisons profondes qui viennent expliquer ces échecs répétés, car, tu t'en doutes, elles font encore l'objet de fougueux débats), nous nous laissions aller, avec ledit adversaire, mais avant tout ami, à ce qu'il convient d'appeler des orgies de pâtes qui avaient pour vocation de terminer la journée avec un solde positif de calories, et ce malgré le sport. Il s'en est suivi que le jeudi est devenu un jour faste pour ce blog, et l'ami lecteur attentif pourra encore aujourd'hui bénéficier des meilleures recettes de pâtes en cliquant ici. Mais nous parlons au passé car sute à notre migration sous d'autres cieux il nous a fallu laisser le privilège d'être battu comme la terre sur laquelle nous jouions à d'autres.

L'ami lecteur se demandera sans doute que vient faire ici cette longue digression en forme d'épitaphe au fastes jeudis soirs. C'est qu'ils sont en passe d'être remplacés par les lundis, qui, les circonstances faisant, sont devenus non seulement les jours de "Gros Waitrose" (locution qui, dans le smog, remplace celle de "Grand GB" chère aux ménagères de plus de cinquante ans dans nos contrées), mais aussi celles où notre colocataire rentre suffisamment tard pour nous permettre quelques expériences culinaires parfois exécutées sans filet. C'est bien sûr, le cas de la recette qui suit, qu'on a baptisé Garibaldi, parce que les médaillons sont verts, blancs et rouges, unilatéraux, et baignés dans le vin.

samedi 15 janvier 2011

Rôti de Biche, Sauce Single Malt

Ami lecteur, pour fêter l'anniversaire approchant du présent blog, voici une petite recette de gibier à laquelle l'histoire dudit blog est plus liée qu'il n'y parait. L'ami lecteur avisé sait peut-être que ce blog est né autour d'une tablée de réveillon, un soir de Saint-Sylvestre, quand, en guise de bonne résolution pour 2010 on nous demanda de rédiger quelques unes de nos recettes. Eh bien, c'est précisément en dégustant le rôti qui fait l'objet du présent article que les commensaux, enthousiasmés (sans doute plus par le champagne que par nos plats), nous ont glissé l'idée du présent blog.
Pour boucler la boucle de 2010, nous avons re-préparé la recette, en variant quelque peu la sauce, il y a peu, puisqu'elle implique des ingrédients faciles à trouver de ce côté-ci de la Manche (qui n'est pas si proche que ça, puisqu'il nous a fallu, pour la traverser, le temps qu'il faut à un avion de ligne pour faire l'aller retour avec les Amériques): gibier et whisky.

samedi 8 janvier 2011

Fondue au Fromage, dite aussi Savoyarde (en Savoie) - update

Ami lecteur, ces quelques jours de silence (... semaines, vraiment?) sur Godts' Kitchen ont été l'occasion de nous ressourcer dans les Alpes, où nous avons baigné dans une tradition culinaire ancestrale, celle qui a donné à la gastronomie les crozets, les diots, le matafaim ou encore la fameuse Fougne (qui a été immortalisée par les bronzés, mais qui - pour les die hards parmi les lecteurs - existe vraiment sous le nom de pétafine).
Les vastes pâturages des alpages sont des terres particulièrement propices à l'élevage des troupeaux, ergo à la production de lait. Par ailleurs, ce lait, surtout lorsqu'il était obtenu près des plus hauts sommets, ne pouvait être aisément transporté. C'est pourquoi bien souvent il était transformé en fromages de tous genres et de toutes formes, qui, déjà, faisaient la réputation des Allobroges sur les marchés de Rome, et celle des orgies du gouverneur Diplodocus jusqu'à un certain village Gaulois qui résiste encore...
Un autre séjour dans les Alpes nous a fait découvrir quelques intéressantes variations qui nous valent la présente mise à jour, que nous consolidons immédiatement dans le texte original pour la meilleure convenance de l'ami lecteur.