samedi 9 janvier 2010

Risotto à l'huile de Truffe

La recette qui suit est le fruit d'un long questionnement que nous avons eu, ma collocataire et moi, sur le choix d'un risotto parmi la trentaine de recettes proposées dans un livre de cuisine. Incapables de nous décider, mais pour se donner le courage d'affronter le Delhaize un mercredi soir à 19h27, nous avons versé deux gouttes (pour moi) et une rasade (pour ma colocataire) d'huile de truffe sur un morceau de baguette qui trainait par là. L'apprêt du risotto était tout trouvé. Nous l'avons mangé avec de simples escalopes de veau sautées.




Cette recette n'est pas compliquée à réaliser, mais, comme avec tous les risottos, la cuisson requiert une attention de tous les instants. Deux écoles existent. Pour certains, il faut régulièrement mélanger le riz qui cuit, alors que d'autres préconisent d'y toucher le moins possible. Les deux méthodes fonctionnent tant qu'on en suit une des deux exclusivement. En effet, le risque existe, si on ne mélange pas, que le riz colle au fond de la casserole et brûle. Pas de panique, la fine couche brûlée absorbera le choc de chaleur, et, aux étages supérieurs de la préparation, le riz restera excellent. Mais, l'enfer étant pavé de bonnes intentions, la Loi de Murphy nous enseigne qu'il y a toujours une bonne âme pour se piquer de vivement mélanger le riz, en grattant le fond de la casserole avec force, gâchant irrémédiablement l'ensemble du plat. Il ne vous reste qu'à aller acheter des frites pour tout le monde au snack d'à côté. Oui je sais ça sent le vécu, d'ailleurs que la bonne âme susmentionnée, si elle se recconnait, n'hésite pas à se faire connaitre. Vigilance donc! C'est d'ailleurs l'incovenient du risotto, il faut rester à côté le temps que dure la préparation.


Je m'égare, voici la recette:


Ingrédients (pour 4 personnes):
  • deux cubes de boullion de légumes ou un bocal de fond de veau ou 1l de bouillon de légumes frais;
  • deux échalottes;
  • 300 grammes de riz (Arborio, Carnaroli ou Vialone) de qualité superfino;
  • 200 grammes de Grana Padano (en bloc, c'est bien meilleur);
  • 25 cl de vin blanc sec (un fond de cubi ou une bouteille dont l'étiquette seule donne déjà mal de tête, abandonnée là par un ami (?) à la dernière pendaison, feront parfaitement l'affaire - surtout évitez de piquer un montrachet dans la cave partnelle); et
  • une ou deux culières à soupe d'huile de truffe.

Mise en Place:

1. Préparer un bon litre de bouillon de légumes (qui fera l'objet d'un prochain message) (ou faire fondre deux cubes de bouillon dans de l'eau bouillante, ou, plus raffiné, réchauffer un bocal de fond de veau) (autre idée optionelle: faire infuser un bouquet garni dans le bouillon);

2. Emincer une échalotte; et

3. Râper le Grana Padano très fin (le but est qu'il fonde et se délaye assez rapidement dans l'amidon ).


Coup de feu:

1. La Tostatura: Chauffer à feu vif de l'huile dans le fond d'une bonne casserole (privilégier celles à fond épais) et y faire revenir l'éhalotte jusqu'à ce qu'elle soit transparente. Y jeter ensuite le riz et le saisir jusqu'à ce qu'il devienne nacré, puis couvrir de vin blanc.


2. Baisser le feu (feu moyen) et ajouter progressivement, au fur et à mesure que le liquide s'évapore, l'équivalent d'un verre de vin ou deux, puis, louche par louche, du bouillon chaud. Surveiller de près la cuisson. Ne pas couvrir la casserole. Le riz cuit en une vingtaine de minutes - un peu moins si on l'aime al dente. Voyez ci-dessus pour la question du mélange.


3. Mantecare: Lorsque le riz est cuit, le mettre hors du feu et incorporer le parmesan et une culière à soupe d'huile de truffe (avoir la main légère, c'est fort). Gouter, rectifier l'assaisonnement, et, si nécessaire, ajouter de l'huile de truffe. Couvrir deux minutes et servir.

Envoi:

Éventuellement dresser sur assiette à l'aide d'un emporte-pièce. Servir immédiatement, car le risotto dessèche impitoyablement si on essaye de le réchauffer.

Ce qui peut mal tourner:


1. La cuisson - voir plus haut.

2. Plus assez de bouillon: pas de problème, continuer à l'eau (ou au vin).

3. Trop salé: c'est le risque si on utilise les cubes de bouillon. Il vaut toujours mieux gouter le bouillon d'abord. Sinon, si la cuisson n'est pas terminée, alterner avec de l'eau ou du vin.

Faute de goût:

Mettre de la crème dans le riz à la fin de la cuisson.

Pour entretenir la conversation:


Si le riz est une céréale typiquement orientale, il est aussi cultivé dans la plaine du Pô, dans le nord de l'Italie. Contrairement aux pâtes, que Marco Polo importât en droit ligne depuis l'extrême-orient, la culture du riz en Espagne, au Portugal et en Sicile fut probablement introduite par les Arabes. Comme en atteste une lettre de 1475 adressée par Galeazzo Sforza, Duc de Milan, au Duc de Ferrare, c'est vers le 15ème siècle que les rizières font leur apparition en Italie continentale, en particulier en Lombardie, dans le Piémont et en Vénetie. Le riz offrait non seulement une bonne opportunité d'exploiter des zones marécageuses autrement impropres à la culture, mais aussi une source de nourriture bon marché et très rentable.

Techniquement, les riz Arborio, Carnaroli ou Vialone se différencient des autres par une teneur élevée en amidon. D'autre part, ces trois espèces sont classifiées selon leur taille (commune ou originario (longueur inférieure à 5 mm), semifino (5-6 mm), fino (6-7 mm), et superfino (plus de 7 mm)): plus le grain est grand, plus de liquide il absorbera. L'idée de la préparation du risotto est de libérer lentement l'amidon contenu dans les grains, de façon à ce qu'il lie la préparation. Pour ce faire, il faut soumettre les grains à la Tostatura, c'est à dire les griller dans de la matière grasse, afin de bloquer l'amidon dans chaque grain. Ensuite, en ajoutant progressivement le liquide, on libère progressivement l'amidon jusqu'à l'obtention d'une belle consistance crémeuse. Alternativement, on peut servir le riz à la vénitienne, ou all'onda, c'est à dire sans passer par l'étape de la Tostatura. Il en résulte une préparation beaucoup plus liquide.

Et surtout, un excellent appétit si vous passez à table!

9 commentaires:

  1. Héhéééé! Le tout premier commentaire de ton tout premier post! Je suis honorée que l'honneur m'en revienne (même si je ne t'ai pas vraiment demandé ton avis).

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  2. Merci pour ton comment! J'attends tes observations sur la forme autant que sur le contenu!

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  3. La risotto de Lolo ou comment transformer mon plat typique de "vidange du frigo" ou de "plat de lendemain de fête" en un moment culinaire intense.

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  4. Ca à l'air délicieux! Le nouveau layout du blog est des plus heureux.

    Seb

    PS pas moyen de commenter sans passer par anonyme...

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  5. A propos du vin blanc et du riz, mon cher Laurent, j'aurais peut-être une ou deux remarques...

    Le riz, méthode où on ne mélange pas :

    Méthode 1. Un volume de riz pour deux volume d'eau (ou de liquide si on utilise du bouillon). D'abord, dans un filet de matière grasse, blanchir le riz à feu vif (durant cette étape il passe de translucide à blanc opaque, cela dure entre 45 sec et 1 min 30), une fois cela fait, rajouter l'eau à température ambiante par dessus et laisser le feu vif jusqu'à forte ébullition. Une fois ce stade atteint, diminuer le gaz au minimum et attendre que l'eau soit en partie évaporée et absorbée par le riz au point que l'ebullition se passe à travers de minuscules cratères perçant le précieux grain. Une fois ce stade atteint, couper le gaz et laisser reposer une dizaine de minute avec le couvercle qui jusqu'ici est resté dans le tiroir. Cette remarque est très importante. PAS DE COUVERCLE avant.

    Methode un volume de riz pour un volume d'eau : (casserole à couvercle transparent utile.) Mettre le riz et l'eau, l'assaisonement, recouvrir, porter à ébullition plein pot. Quand l'eau bout, diminuer le gaz au minimum et compter entre 10 et 15 minutes en fonction de l'épaisseur du grain (basmati = très fin=>10-11min, riz italien=très épais=>14-16min, riz rond japonais=13 min). Ne jamais retirer le couvercle entre l'allumage et la fin du temps de cuisson, sous aucun prétexte. Ensuite aérer le riez pour l'empêcher de continuer à cuire. Eviter l'eau froide à moins de vouloir le débarasser de son amidon et de le "décoller". Cette des méthodes ont l'avantage d'offrir un riz légèrement aglgloméré mais encore croquant et préservant toute sa saveur.

    A propos des vins et autres spiritueux à intégrer aux sauces ou préparations: certes des premiers grands crus ne sont pas forcément indiqués vu leur prix et qu'une dégustation au verre bien accompagnée leur rendra bien meilleur hommage. Il ne faut cependant pas tomber dans l'excès inverse et verser une infâme piquette juste bonne à percer le bouchon de graisse d'un évier. En effet, il n'y a pas de secret : à ingrédient moyens rélustats moyens, mais comme en toute chose : l'équilibre est le secret pour atteindre l'objectif. Il ne sert à rien de déglacer avec un bon vin blanc, une sauce préparée avec des ingrédients "en boîte", à l'inverse une préparation à base exclusivement de produit frais serait gâchée par un vin blanc passé, de trop piètre qualité ou bouchonné. En revanche, un reste de bonne bouteille éventée par trois jour de frigo sera infâme au verre mais divin en sauce.

    Excellente initiative que ce blog pour gourmets et cuisiniers amateurs qui s'étend à la fois sur l'histoire et la culture qui gravite autour des mets, que le soin et le détail apporté aux différentes phases de tes préparations. Une très bonne continuation et mes meilleurs voeux pour 2010.

    Mon meilleur souvenir : Jean-Marc "d'Olivaint"

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  6. Merci Jean Marc pour ces spécifications bien utiles! Bonne année à toi

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  7. Ah voilà enfin le blog de Lolo

    Je confirmerai donc que Lolo est maintenant capable de cuir de façon digne un risotto puisqu'il était délicieux :-)

    J'ai donc hâte d'être cobbaye pour les prochaines expériences culinaires de notre ami !

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  8. Testé ce soir.. Sublime! Merci pour la recette

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  9. Laurent, tu nous epates tous les jours!

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